Près de 2 millions de dollars pour une mission électorale fictive : le PNUD dans la tourmente

Alors qu’aucune élection n’est programmée et que le processus électoral est suspendu depuis des années, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) prévoit de dépenser près de 2 millions de dollars américains (environ 262 millions de gourdes) pour financer une opération d’« évaluation des centres de vote » sans échéance ni objectif réel. Cette dépense, jugée inutile et opaque, alimente la colère dans un pays rongé par la misère, l’insécurité et l’effondrement institutionnel.
Une opération sans fondement dans un vide électoral
D’après les révélations de Global Info, le Conseil Électoral Provisoire (CEP), sans feuille de route, et dont la légitimité est déjà largement contestée, s’apprête à encaisser ces fonds dans un contexte d’absence totale de calendrier électoral. Officiellement, cette mission doit permettre de cartographier les centres de vote dans les dix départements du pays. Mais en réalité, aucune élection, ni même de référendum, n’a été annoncé.

Des chiffres qui choquent, un gaspillage dénoncé
Un document confidentiel détaille des montants extravagants :
- 750 000 gourdes de perdiem pour chacune des 350 personnes engagées pendant un mois,
- La location de 70 véhicules,
- Des frais logistiques non justifiés.
Tout cela, sans transparence ni garanties de résultats, alors que des millions d’Haïtiens manquent de soins, d’école, de sécurité, ou de simples moyens de subsistance.
Une mission fantôme et des soupçons de corruption
Des employés internes au PNUD s’inquiètent et dénoncent une possible fraude organisée. Certaines personnes inscrites sur les listes de la mission ignorent tout de leur implication. D’autres n’ont ni formation ni compétence électorale. Plusieurs dénoncent une tentative de détournement de fonds publics, facilitée par des complicités internes et externes.

Le Fonds électoral vidé, mais les caisses publiques saignées
Depuis 2016, les bailleurs internationaux ont cessé de financer le système électoral haïtien via le Basket Fund, en raison de soupçons persistants de mauvaise gestion. Pourtant, l’État haïtien continue d’injecter des ressources, privant d’autres secteurs clés – santé, éducation, logement – de financements urgents.
Un affront à la dignité nationale
Dans un pays en crise humanitaire profonde, où plus de 5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, cette dépense apparaît comme un scandale éthique et moral. Elle montre comment, malgré l’effondrement du processus démocratique, les montages financiers continuent au détriment du peuple.
Haïti mérite mieux
Il est temps d’exiger des comptes et une rupture avec ces pratiques cyniques. L’État haïtien et ses partenaires techniques doivent rendre des comptes et réorienter les ressources vers les urgences réelles du pays. Parce qu’en fin de compte, c’est toujours le peuple qui paie le prix fort de ces mascarades.