Éducation en péril : le FNE dresse un premier état des lieux de l’impact de l’insécurité sur les élèves et leurs familles

Alors que la crise sécuritaire continue de bouleverser le quotidien de milliers de familles haïtiennes, le Fonds National de l’Éducation (FNE) a publié un rapport préliminaire tiré d’une enquête menée à l’échelle nationale. Ce document, rendu public le 10 juin 2025, constitue une première étape dans le processus d’identification des écoles et des familles les plus touchées par les violences armées et les déplacements forcés.
Une situation éducative alarmante
L’enquête, réalisée du 12 au 16 mai, met en lumière les conséquences directes de l’insécurité sur l’accès à l’éducation. Sur les 6 244 familles interrogées dans 65 communes, une majorité témoigne d’une précarité croissante :
- Près de 4 enfants sur 10 (38,41 %) sont déscolarisés, essentiellement pour des raisons économiques ;
- 94,12 % des familles déclarent avoir perdu leurs moyens de subsistance ;
- 97,73 % affirment n’avoir reçu aucune aide humanitaire.
Ces chiffres confirment ce que de nombreuses voix sur le terrain dénoncent depuis des mois : les enfants sont parmi les principales victimes collatérales du climat d’insécurité qui règne dans plusieurs zones du pays, en particulier dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et certains départements de l’Ouest, du Centre et de l’Artibonite.

Des écoles relocalisées, des familles déplacées
Sur les 422 établissements scolaires visités, un nombre significatif a été contraint de fonctionner en dehors de leur site d’origine. Ce phénomène de relocalisation, encore marginal il y a deux ans, est désormais une réalité pour des dizaines d’écoles, souvent accueillies dans des églises, des maisons privées ou des locaux improvisés.
Dans le cadre du projet PAEF (Projet d’Appui aux Écoles et Familles d’Élèves Victimes de l’Insécurité), 2 149 foyers et 73 écoles ont été sélectionnés pour bénéficier d’un accompagnement ciblé, sur la base de critères de vulnérabilité définis par le FNE.
La jeunesse à la manœuvre
Un aspect peu commenté, mais notable du rapport, est la mobilisation de jeunes universitaires pour mener cette enquête. Le FNE souligne leur rôle déterminant dans la collecte des données, leur formation méthodique et leur engagement sur le terrain, parfois dans des zones à risque. Cette implication illustre le potentiel de la jeunesse haïtienne à contribuer, malgré l’adversité, à des projets d’envergure nationale.
Une base pour des actions futures
Le rapport n’a pas vocation à offrir des solutions immédiates, mais à établir un diagnostic précis qui orientera les décisions à venir : allocation de ressources, soutien logistique, relocalisation, ou aides financières. Il met aussi en lumière la nécessité de mieux coordonner l’action humanitaire et de renforcer les filets sociaux existants.
Ce document n’est donc pas une fin en soi, mais un outil de planification, dans un pays où les urgences humanitaires et éducatives se superposent trop souvent sans coordination efficace.