Haïti : Le ministère de la Justice presse le parquet d’agir contre les personnalités sanctionnées à l’international

Port-au-Prince, 14 mai 2025 —
Face aux sanctions imposées par des ambassades étrangères à l’encontre de plusieurs ressortissants haïtiens, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) hausse le ton. Par correspondance adressée le 12 mai 2025 au commissaire du gouvernement près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Frantz Monclair, le ministre Patrick Pélissier appelle à la mise en œuvre de mesures conservatoires strictes à l’encontre des personnes visées.

Bien que l’État haïtien n’ait pas directement initié ces sanctions, le ministre insiste sur l’obligation morale et juridique de garantir la transparence et de faire respecter l’État de droit. À cet effet, il demande l’ouverture d’un audit des mesures déjà prises dans ce dossier particulièrement sensible.
Parmi les actions urgentes préconisées :
Le gel immédiat des comptes bancaires des individus sanctionnés par les Nations unies, ainsi que ceux de leurs présumés complices, conformément à la résolution 2653 du Conseil de sécurité de l’ONU et au décret du 30 avril 2023 relatif à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ; La mobilisation des institutions de contrôle financier pour enquêter sur leurs activités économiques et détecter d’éventuels circuits illicites.
Cependant, le ministère souligne qu’il est toujours en attente de la transmission officielle des dossiers par les ambassades des pays à l’origine de ces sanctions. En mars dernier, une demande d’entraide pénale internationale a été formellement adressée aux représentations diplomatiques concernées afin d’obtenir les documents nécessaires pour enclencher des procédures judiciaires en Haïti.
Le dossier reste hautement sensible. Des figures de premier plan ont déjà été sanctionnées sur la scène internationale. L’ancien président Michel Joseph Martelly, visé par des sanctions de l’OFAC en août 2024 pour trafic de drogue, blanchiment d’argent et soutien aux gangs, avait déjà été sanctionné en 2022 par le Canada, tout comme les anciens Premiers ministres Laurent Lamothe et Jean Henry Céant, accusés d’implication dans le financement de groupes armés.
Dans sa correspondance, le ministère de la Justice réaffirme sa volonté de faire toute la lumière sur ces accusations, au nom de l’intérêt supérieur de la nation et de la crédibilité des institutions judiciaires haïtiennes.
Désormais, tous les regards se tournent vers le parquet de Port-au-Prince, sommé d’agir rapidement face à ces révélations et aux attentes de la population.