Il fut un temps où André Michel se présentait comme le porte-voix des opprimés, l’avocat des sans-voix, celui qui promettait de “faire plier le pouvoir” au nom du peuple. Aujourd’hui, l’homme revient sur les plateaux médiatiques, costume impeccable et ton professoral, pour offrir des “solutions” à une crise qu’il a lui-même contribué à enflammer.

De la rue au salon climatisé
Invité récemment à l’émission VALESCOT REÇOIT animée par Jimmy Valescot, André Michel a repris son rôle de tribun compatissant : “Peyi a nan yon sitiyasyon difisil, m panse ak sila yo ki nan di, kòm pitit peyizan…”. Des mots empreints d’émotion, certes, mais difficile à entendre sans ironie quand on se souvient de ses années de croisade incendiaire. Car celui qui se dit “pitit peyizan” a passé ces dernières années dans les couloirs du pouvoir, aux côtés d’Ariel Henry, l’homme qu’il jurait hier encore de combattre “jusqu’au dernier souffle”.
De l’opposant intransigeant au partenaire du système
Entre 2019 et 2021, André Michel faisait de la rue son théâtre. Les “barikad” n’étaient pas, pour lui, un symbole de désespoir, mais une stratégie politique : “Barikad se avni nou”, clamait-il, poing levé. Quelques mois plus tard, il troquait les pavés contre les fauteuils ministériels, et les slogans révolutionnaires contre les négociations feutrées.
Pendant que la population s’enfonçait dans l’insécurité et la misère, lui consolidait sa place parmi les élites du pouvoir. Même la révocation de son visa américain, en 2023, n’a pas suffi à altérer son aplomb médiatique.
Le retour du sauveur autoproclamé
Aujourd’hui, André Michel refait surface, appelant à “l’unité nationale” et à “la refondation du pays”. Mais pour beaucoup, ce retour sonne comme une farce. Les archives sont là, les discours aussi. On n’efface pas des années d’incohérences politiques d’un simple coup de micro.
Le pyromane d’hier ne saurait se présenter comme pompier aujourd’hui. Car la mémoire collective, elle, n’a pas de bouton “reset”.
Sou barikad ou te bati avni w, Me André Michel.
Sou sann ou te pwomèt, pèp la ap viv toujou.