Bicentenaire de la reconnaissance de l’Indépendance d’Haïti : le CPT réclame officiellement la restitution de la dette de 1825

Lors d’une cérémonie officielle à la Villa d’Accueil, le Conseil Présidentiel de Transition a lancé un appel fort à la France pour la restitution de la rançon imposée à Haïti après son indépendance, et a institué un comité national de restitution et de réparation
Port-au-Prince, 17 avril 2025— Deux siècles après l’ordonnance du roi Charles X reconnaissant officiellement l’indépendance d’Haïti, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a marqué cette date historique par une cérémonie solennelle à la Villa d’Accueil. L’événement s’est déroulé en présence du Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, de plusieurs ministres, du commandant en chef des Forces Armées d’Haïti, Lt.-Général Derby Guerrier, du directeur général a.i. de la Police nationale d’Haïti, Rameau Normil, et du recteur de l’Université d’État d’Haïti, Dieuseul Prédélus.

Dans son allocution, le président du CPT, S.E.M. Fritz Alphonse Jean, est revenu sur les conditions dans lesquelles la France avait reconnu, le 17 avril 1825, l’indépendance d’Haïti. Il a souligné que cette reconnaissance s’était accompagnée d’une rançon de 150 millions de francs-or, imposée à un pays déjà affaibli. Une décision, selon lui, destinée à punir Haïti pour avoir été le premier État à abolir l’esclavage et à proclamer la liberté pour tous. Le chef du Conseil a également salué l’initiative du président Emmanuel Macron et sa volonté de repenser les relations entre Paris et Port-au-Prince dans une dynamique de coopération renouvelée.

Le conseiller-président Leslie Voltaire, dans une déclaration énergique, a plaidé pour une restitution immédiate de la rançon ainsi que des réparations pour les souffrances infligées par l’esclavage. Il a exhorté la diaspora haïtienne et la société civile à s’unir pour amplifier cette revendication historique, tout en saluant la récente note de l’Élysée marquant l’anniversaire de l’ordonnance de 1825.

Dans la foulée, le secrétaire général du Conseil des ministres, M. Odilien Charles, a procédé à la lecture de deux arrêtés officiels. Le premier institue la création du Comité national haïtien de restitution et de réparation, composé de 21 membres rattachés au rectorat de l’UEH et au ministère des Affaires étrangères. Le second acte officialise la nomination de Mme Gusti-Klara Gaillard comme membre du comité mixte franco-haïtien mis en place par la France.

Cette commémoration du bicentenaire n’est pas qu’un simple rappel historique. Elle s’inscrit dans une volonté politique affirmée par le CPT de relancer un dialogue sérieux avec la France sur les questions de restitution et de justice historique. Pour les autorités haïtiennes de transition, la mémoire doit désormais déboucher sur des actions concrètes en faveur d’un redressement économique, moral et diplomatique du pays.